22 November 2025 3 min de lecture

Vers une durée de conservation plus longue pour les médicaments

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CONTEXTE

À l’occasion de la COP 30, la France réaffirme sa volonté de rendre son système de santé plus durable. Dans ce contexte, l’ANSM annonce une démarche inédite : encourager l’allongement de la durée de conservation des médicaments, afin de réduire les déchets, limiter la destruction de produits encore utilisables et diminuer l’empreinte environnementale du secteur pharmaceutique. Une phase pilote, ouverte aux industriels volontaires, va permettre de tester et d’accompagner cette trajectoire.

POINTS CLES A RETENIR

Le constat est sans appel : le système de soins français représente plus de 8 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, et les médicaments — de leur production à leur destruction — en constituent la part la plus importante. Chaque année, des milliers de tonnes de médicaments non utilisés sont éliminées, souvent parce que leur durée de conservation est relativement courte. Aujourd’hui, la grande majorité des médicaments disposent de 2 à 3 ans de stabilité autorisée. Pourtant, de nombreuses molécules pourraient bénéficier d’une durée plus longue sans compromettre leur efficacité ou leur sécurité. Revoir ces durées pourrait donc réduire massivement les destructions, améliorer la disponibilité des traitements et diminuer l’impact environnemental global du médicament. L’ANSM lance ainsi Longue vie aux médicaments, une phase pilote mobilisant les laboratoires prêts à déposer, dans les cinq ans, une demande d’extension de durée de conservation pour au moins un produit de leur portefeuille. Le GIO (Guichet Innovation et Orientation) élargit en parallèle son accompagnement scientifique et réglementaire, en intégrant désormais des volets d’écoconception et d’écoproduction.

IMPACT POUR L’OFFICINE / LES LABORATOIRES

Pour les pharmacies, cette initiative pourrait transformer la gestion des stocks et réduire le volume de médicaments périmés qui arrivent au comptoir. Des durées de conservation plus longues limiteraient les retours, les destructions et les frustrations des patients face à des ruptures évitables. Les équipes officinales pourraient également s’appuyer sur cette dynamique pour sensibiliser les patients aux enjeux environnementaux du médicament. Pour les laboratoires pharmaceutiques, ce pilote ouvre un chantier majeur. Revoir les durées de conservation implique de nouvelles études de stabilité, des ajustements réglementaires et parfois des adaptations dans la fabrication. Mais cela représente aussi une opportunité stratégique : renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement, réduire l’impact carbone et s’inscrire dans une logique d’écoconception attendue par les autorités comme par les citoyens.

CE QUE CELA CHANGE OU POURRAIT CHANGER

Si cette phase pilote se déploie à grande échelle, elle pourrait marquer un tournant dans la manière de penser la durée de vie du médicament : moins de gaspillage, moins de produits détruits, moins de tensions sur l’approvisionnement. Le bénéfice est triple : environnemental, sanitaire et économique. Cette démarche pourrait également :

→ consolider la transition écologique du secteur pharmaceutique ;

→ encourager d’autres pays européens à adopter des approches similaires ;

→ repositionner la France comme acteur moteur dans l’écoconception du médicament ;

→ ouvrir la voie à de nouveaux standards de stabilité plus ambitieux à l’échelle internationale.


En somme, repenser la durée de conservation n’est pas une simple mesure technique : c’est une nouvelle façon d’imaginer le médicament dans son cycle complet, du développement à l’usage… et jusqu’à sa fin de vie.

SOURCE
ANSM – Allonger la durée de conservation des médicaments dans un objectif de réduction du gaspillage et de la pollution – 21 novembre 2025